Sentiment du monde : analyse et interprétation du livre de Carlos Drummond de Andrade

Sentiment du monde : analyse et interprétation du livre de Carlos Drummond de Andrade
Patrick Gray

Sentiment de la Le monde a été publié en 1940 et est le troisième livre du poète Carlos Drummond de Andrade.

Les poèmes qui composent cette œuvre ont été écrits entre 1935 et 1940, des années où le monde se remettait à peine de la Première Guerre, qui avait fait des milliers de morts, et voyait déjà poindre la menace de la montée du fascisme.

Le poète reflète ce sentiment dans ses poèmes, qui montrent un côté plus mature et universel de son œuvre.

Analyse et interprétation

Contexte de l'œuvre

Le moment historique est un facteur très important dans la composition de la Le sentiment du monde Cette période de la fin des années 1930 est marquée par de nombreux événements complexes que Drummond n'ignore pas.

L'espoir d'une période de la paix était menacée par la montée du fascisme C'est la première fois que l'Union européenne est impliquée dans un conflit militaire.

De tendance politique de gauche, Drummond espérait que la fin de la première guerre conduirait à une période de paix et de solidarité entre les peuples.

Il existe dans le Le sentiment du monde Cette dualité entre l'espoir d'un moment historique meilleur et la frustration face à une réalité qui continue d'imposer la souffrance aux hommes.

Même s'il affirme que sa matière première est le présent, le poète parvient à l'extrapoler dans sa poétique, laissant une œuvre qui, par sa profondeur, ne cessera jamais d'être actuelle.

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Le sentiment du monde présente une certaine rupture avec ses productions antérieures, d'autant plus si l'on se place dans la perspective de l'exposition de l'artiste. Brejo das Almas, son précédent livre, marqué par la humour Drummondiano, plein de pessimisme et de nihilisme. Composé d'une ironie nadifiante, c'est un livre dans lequel le poète s'immerge en lui-même. Il passe ainsi de cet état d'introspection à un état d'abandon. Brejo das Almas pour une appartenance au monde, une attention à son environnement dans sa prochaine œuvre.

O Le sentiment du monde est le livre dans lequel Drummond s'affirme en tant que poète du monde, des hommes, des choses, et non poète des "petits" sentiments humains Le poète s'ouvre au monde et se montre avant tout sympathique et compréhensif.

Analyse et interprétation

Le poème qui ouvre l'ouvrage est l'homonyme Le sentiment du monde .

Je n'ai que deux mains

et le sentiment du monde,

mais je suis plein d'esclaves,

mes souvenirs s'égouttent

et les transitions corporelles

au confluent de l'amour.

Quand je me lève, le ciel

seront morts et pillés,

Je serai moi-même mort,

mort mon désir, mort

le marais sans accords.

Les camarades n'ont pas dit

qu'il y a eu une guerre

et il était nécessaire

Apportez du feu et de la nourriture.

Je me sens dispersé,

pré-frontière,

Je vous prie humblement

que vous me pardonnerez.

Lorsque les corps disparaissent,

Je serai seul

démêler l'écheveau de la mémoire

du sonneur de cloches, de la veuve et de la photocopieuse

qui habitaient la cabane

et n'ont pas été retrouvés

à l'aube

l'aube

plus de nuit que de nuit

Le poète est présenté comme un sujet petit, limité, avec seulement deux mains. Cette figure de la I La notion d'insignifiance, de petitesse face à la grandeur du monde, est présente tout au long du livre.

Cependant, ce sujet a quelque chose de grandiose, le sentiment du monde, qui peut être interprété comme une solidarité à l'égard de tous les hommes et de toutes les choses.

Cette image de quelqu'un de minuscule face aux problèmes, mais qui, d'une certaine manière, s'aggrave lorsqu'il se solidarise avec eux, est présente dans d'autres poèmes du livre.

O I Le sujet poétique vit une série de contradictions. D'abord son insignifiance, puis sa transformation. En cela, le sujet est attaché à son passé ("plein d'esclaves"). Pour se placer face au sentiment du monde, il doit changer, oublier ses souvenirs et converger vers l'amour de l'humanité.

Solidaire et intégré au monde, le poète voit se dresser devant lui une autre contradiction. L'époque est à la guerre et à la famine, et il reste inattentif à ces maux. Conscient, mais dispersé. La figure du poète est perplexe devant la réalité, tentant de s'y intégrer et s'excusant de son aliénation.

Ce mouvement le conduit à la solitude. Le poète est seul, enveloppé de souvenirs qui, lorsqu'ils sont défaits, deviennent des brumes qui brouillent le regard. Ce sont les souvenirs d'autres personnes disparues. Le jour qui va arriver est plus sombre que la nuit.

La nuit est un personnage qui apparaît tout au long du livre Le sentiment du monde Soit comme la nuit qui sert à apaiser l'âme, comme une sorte de mort qui calme le potentiel suicidaire, soit comme quelque chose d'épouvantable qui enveloppe la terre d'ombres et de ténèbres, chassant l'espoir.

Le sujet poétique alterne également entre cette I présents dans le monde entier, en solidarité avec le monde, et les I mélancolique, toujours très solitaire et provincial.

Ce deuxième moi, qui apparaît en opposition à la première du poème Le sentiment du monde, apparaît dans le poème suivant, Confiance de l'itabiran.

J'ai vécu quelques années à Itabira.

Je suis principalement né à Itabira.

Je suis donc à la fois triste, fière et pleine d'énergie.

Quatre-vingt-dix pour cent de fer sur les trottoirs.

Quatre-vingt pour cent de fer dans les âmes.

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Et cette aliénation de ce qui, dans la vie, est porosité et communication.

La volonté d'aimer, qui paralyse mon travail,

vient d'Itabira, de ses nuits blanches, sans femmes et sans horizons.

Et l'habitude de souffrir, qui m'amuse tant,

c'est un doux héritage itabiran.

D'Itabira, j'ai apporté divers cadeaux que je vous offre aujourd'hui :

cette pierre de fer, futur acier du Brésil,

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ce Saint Benoît du vieux sculpteur Alfredo Duval ;

cette peau de tapir, posée sur le canapé du salon ;

cette fierté, cette tête baissée...

J'avais de l'or, du bétail, des fermes.

Aujourd'hui, je suis fonctionnaire.

Itabira n'est qu'une image sur le mur.

Mais qu'est-ce que ça fait mal !

Itabira est la ville natale du poète, située à l'intérieur du Minas Gerais et connue pour ses mines de fer. Drummond établit une série d'analogies entre les caractéristiques de la ville et les siennes.

D'abord sur le métal, dur et froid, et sa personnalité. Ensuite, l'analogie porte sur le paysage. La ville est entourée de montagnes, sans horizons, comme sa vie amoureuse. Enfin, le poète compare la simplicité de la ville de campagne à la sienne.

Les deux poèmes d'ouverture servent à donner une vue d'ensemble du livre. Drummond a édité ses œuvres avec un grand soin en ce qui concerne l'ordre dans lequel les poèmes sont présentés. Ses choix ont été mûrement réfléchis et n'ont pas suivi uniquement un ordre chronologique d'écriture.

Avec ces deux poèmes, il nous présente une sorte de résumé de son livre : d'abord comment le sujet se place face aux thèmes, dans ce mouvement contradictoire d'insertion et d'isolement, de cosmopolite et de provincial.

Puis il nous présente les thèmes principaux, à savoir la peur, la solitude, la guerre, la faim, la solidarité, et surtout le monde tel qu'il se présente. Réel, extrêmement réel et actuel. Le présent est l'inspiration du poète dans Le sentiment du monde .

Poèmes principaux

Congrès international sur la peur

Dans ce poème, le moi lyrique suspend tous ses sentiments, l'amour, la haine, car l'heure est à la peur. La peur est un sentiment international, mondial. Le moi solitaire est inséré dans le monde et a ce sentiment à portée de main.

Pour l'instant, nous ne chanterons pas l'amour,

qui s'est réfugié plus loin sous terre.

Nous chanterons la peur, qui stérilise les étreintes,

nous ne chanterons pas la haine, car la haine n'existe pas,

Les épaules portent le monde

Le temps et la vie sont des questions pour le poète. Dans ce poème, le temps se montre vif et fort, un temps pour les choses simples et dures. Il n'y a pas de place pour l'amour, pour la complainte ou la compagnie.

Au milieu de ce triste scénario se révèlent la lassitude, l'apathie et le désintérêt du sujet lyrique, qui ne fait que survivre.

Le temps est venu où il ne sert à rien de mourir.

Le temps est venu de mettre de l'ordre dans la vie.

La vie tout simplement, sans mystification.

Main dans la main

Dans ce poème, le sujet nous présente le monde dans son état actuel. Il ne chantera pas le monde caduc ou le futur, mais le présent. Le poète chantera la vie de ses compagnons, qui marchent ensemble. Le présent est montré comme étant grand.

Je ne serai pas le poète d'un monde en déshérence.

Je ne chanterai pas non plus le monde à venir.

Je suis attaché à la vie et je regarde mes compagnons.

Le poète parle de sa proposition de poésie. Il ne chantera pas les amours, ni la souffrance d'une âme solitaire et incomprise. Il n'écrira pas non plus d'histoires d'amour ou d'aventures. Il chantera le temps, le temps présent et la vie présente.

Le temps est mon affaire, du temps présent, des hommes présents,

la vie actuelle.

La nuit dissout les hommes

Le poème présente une grande nuit qui s'étend sur les hommes, sur les rues et sur les maisons. La nuit qui vient semble sans solution et les suicides semblent avoir raison. Cette nuit est un... allégorie sur le moment de la montée du fascisme et l'imminence de la guerre.

Cependant, le poète prévoit une aube, un lever de soleil qui met fin à la nuit. Même si ce n'est qu'un petit signe, l'aube après la nuit est inévitable. Le poète sait qu'elle arrive, mais il sait qu'elle n'arrivera qu'après une autre guerre et beaucoup d'autres morts.

Nous aurons l'aube.

Le monde est teinté des couleurs du matin

et le sang qui coule est doux, si nécessaire

pour colorer tes joues pâles, à l'aube.

Elégie 1938

Le poème commence par un critique de l'aliénation du travail Le sujet est inséré dans cette logique, et dans un monde qui le frustre.

Vous travaillez sans joie pour un monde en déshérence,

où les formulaires et les actions ne contiennent pas d'exemples.

Cependant, le désir et le besoin sont toujours là : la faim, le froid, le désir sexuel. Ces instincts sont dissimulés dans la routine, tandis que les politiciens et les prophètes proposent des solutions qui ne résolvent pas les problèmes des travailleurs qui rentrent chez eux fatigués.

Les héros remplissent les parcs de la ville dans laquelle vous vous glissez,

et prônent la vertu, le renoncement, le sang froid, la conception.

La nuit arrive et offre une sorte de refuge. Le dernier recours est le sommeil, qui offre la possibilité d'échapper à tous les problèmes et retarde ainsi le suicide.

Vous aimez la nuit pour son pouvoir d'anéantissement

et vous savez qu'en dormant, les problèmes vous évitent de mourir.

Cependant, le sujet est confronté à l'éveil et, devant lui, se sent petit et insignifiant. Devant la Grande Machine, le I vous n'avez que la possibilité de continuer votre routine, de parler à des morts, de penser à l'avenir et de le regretter.

Le sujet est placé dans une position d'insignifiance face au monde. Sans capacité d'action, il se résigne et accepte l'injustice comme une composante essentielle de la réalité qu'il chante.

Cœur fier, tu es pressé d'avouer ta défaite

et reporter le bonheur collectif à un autre siècle.

Vous acceptez la pluie, la guerre, le chômage et la distribution inéquitable

parce qu'on ne peut pas dynamiter à soi seul l'île de Manhattan.

Lecture de quelques poèmes de Drummond

Considération du poème : Caetano Veloso, Chico Buarque et Fernanda Torres

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    Patrick Gray
    Patrick Gray
    Patrick Gray est un écrivain, chercheur et entrepreneur passionné par l'exploration de l'intersection de la créativité, de l'innovation et du potentiel humain. En tant qu'auteur du blog "Culture of Geniuses", il s'efforce de percer les secrets d'équipes et d'individus performants qui ont obtenu des succès remarquables dans divers domaines. Patrick a également cofondé une société de conseil qui aide les organisations à développer des stratégies innovantes et à favoriser les cultures créatives. Son travail a été présenté dans de nombreuses publications, notamment Forbes, Fast Company et Entrepreneur. Avec une formation en psychologie et en affaires, Patrick apporte une perspective unique à son écriture, mélangeant des idées scientifiques avec des conseils pratiques pour les lecteurs qui souhaitent libérer leur propre potentiel et créer un monde plus innovant.